La santé des personnes exilées, qu’elles soient immigrées, réfugiées, demandeuses d’asile ou étrangères en situation irrégulière, se dégrade rapidement une fois dans le pays d’accueil. Cette observation récurrente est une des conséquences des difficultés d’accès aux soins et des discriminations que subissent ces personnes. Dans un contexte de crise de l’hospitalité et du droit d’asile en France et dans le reste de l’Europe, l’exclusion et la précarité aggravent ainsi considérablement l’état de santé des exilé·e·s.
Absence d’hébergement, de ressources, isolement… de multiples facteurs de vulnérabilité subis dans le pays d’origine jusque dans le pays d’accueil, favorisent la survenue et la sévérité de maladies. La vulnérabilité des exilé·e·s se perçoit au travers d’indicateurs défavorables en matière de santé et d’accès aux soins et aux droits, comme le montrent de nombreuses enquêtes collectives et pluridisciplinaires. Les conséquences des situations de vulnérabilité et des discriminations sont aujourd’hui largement objectivées en matière d’accès aux soins, générant par exemple des retards dans le dépistage de maladies et dans la prise en charge des malades et des non‑recours aux droits et aux soins. Comme le souligne le Défenseur des droits dans un rapport publié en 2019*, les droits des personnes malades étrangères sont fragilisés et leur protection reste à renforcer. Et si cette part de la population partage des difficultés d’accès aux soins avec les personnes les plus précaires, du fait d’inégalités sociales de santé existantes, elle fait de surcroît face à des difficultés spécifiques liées à la barrière linguistique et à la situation sociale et juridique.
Face à ces situations, des actions et des programmes peuvent être mis en œuvre pour améliorer la santé des personnes migrantes vulnérables. Ces actions reposent sur des principes communs à l’intervention auprès de publics vulnérables quels qu’ils soient, notamment la recherche de l’équité, la contextualisation et l’individualisation de la prise en charge. Il s’agit ainsi d’agir à la fois :
- sur les facteurs systémiques contribuant à la production des situations de vulnérabilité (stéréotypes, préjugés, pratiques de discrimination, accès difficile aux services de santé et aux organisations institutionnelles) ;
- sur le développement des ressources et des compétences individuelles et collectives (formation et techniques adaptées à l’intention des professionnelle·s, communication orientée vers des publics, soutien à la participation et empowerment) ;
- sur les conséquences auprès des publics en termes de santé (« aller vers », médiation en santé, interventions probantes).